viernes, 10 de abril de 2020

L´amour et la haine (Lola II)


Je n'oublierai jamais le jour où Marcel m'a présenté à Lola. Ils faisaient un couple parfait, il semblait qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. On aurait dit qu'ils allaient manger le monde, que rien ne pouvait les arrêter. Elle n'était pas exactement belle, mais possédait un magnétisme qui séduisait ceux qui l'entouraient, hommes et femmes. Petite blonde à lunettes, cheveux courts et raides, et un sourire immuable. Marcel était le centre du monde jusqu'à l´apparition de Lola. C'était difficile d'éclipser Marcel et pourtant Lola…
Intelligente, cultivée, drôle, audacieuse, généreuse…C´était Lola.
Bien sûr, Marcel et moi avions rencontré des filles, rien d'important, mais j'ai tout de suite réalisé que Lola était différente. Elle avait osé s'immiscer dans nos vies, elle m'avait relégué à un simple comparse, et pourtant elle a toujours été si gentille avec moi. Je ne pouvais pas la détester même si je mourais d'envie.  Je l'aurais tuée de mes propres mains si j'avais eu le courage de le faire. L'idée de la voir tous les jours dans les bras de Marcel, de voir comment ils s'embrassaient, je ne pouvais pas le supporter. Ainsi donc, j´ai décidé, petit à petit, de m'éloigner d'eux. L´amour et la haine sont deux faces de la même pièce. La réalité est toujours plus compliquée, les choses ne sont pas aussi simples que dans les films hollywoodiens. La vraie vie est pleine de nuances et de contradictions et parfois nous ne nous rendons compte que trop tard.

jueves, 2 de abril de 2020

Angoisse


Angoisse. Oui, je crois que «l'angoisse» est le mot qui définit le mieux les sentiments qui m'ont saisi depuis que l'isolement de la population a été décrété. Ce n'est que le quatrième jour, mais j'ai déjà perdu le compte du jour où nous vivons; Je dois vérifier le calendrier pour m'assurer du jour où je vis car tous les jours sont les mêmes. Bien sûr, on essaie de profiter du temps pour faire des choses en suspens, si l'on peut parler de "choses en suspens" quand la vie prend une autre dimension. Le simple fait de faire les courses est devenu une bénédiction du ciel puisque c'est l'une des rares possibilités d'accéder à la liberté qu'offrent les rues vulgaires de notre quartier. Ma femme et moi nous disputons constamment pour faire les courses, c´est drôle quand même.
Je me suis toujours considéré comme une personne casanière, et pourtant, maintenant je donnerais un doigt pour flâner en toute impunité à travers ma ville morte. Et le pire, c'est que personne ne sait combien de temps cela peut durer : un mois, deux mois, qui le sait…
Je n'ai jamais pensé que je pourrais envier les maîtres qui ont un chien pour se promener.